Samantha Broggini, Hypnothérapeute & Sophrologue au Plessis-Robinson

"Je profite de ma pause PMA"


Une personne que j'accompagne, appelons-là Mme A., était venue initialement pour mieux appréhender un nouveau protocole de PMA après plusieurs échecs douloureux. Mais voilà qu'après quelques séances, elle apprend qu'elle est enceinte avant ce nouvel essai ! Sa façon d'aborder l'annonce de la grossesse est de profiter d'un moment de pause dans son parcours PMA. Je profite de cette anecdote pour poser LA question : est-ce si facile de se réjouir au début d'une grossesse par PMA ?

Pause PMA

Se préparer au pire et au meilleur

Souvent vous venez me voir avec pour but de vous préparer au pire : encaisser les échecs, les déceptions, rebondir, aller de l'avant... mais vous êtes-vous préparée au meilleur ?

Comment se réjouir d'un début de grossesse quand il a été tellement attendu, espéré, avec peut-être par le passé des grossesses qui n'ont pas évolué favorablement et qui ont laissé un traumatisme ?

La pause PMA

Mme A. m'a décrit sa façon d'aborder son début de grossesse : se réjouir que pendant ce temps, elle n'a plus besoin de s'astreindre aux piqûres, aux traitements et aux effets indésirables de la PMA. C'est sa fameuse "pause PMA" qui la réjouit. Elle ne se projette pas vraiment dans cette grossesse, car elle envisage encore le pire, une grossesse qui ne va pas au bout, mais elle profite de ce temps suspendu, où chaque jour sans se préoccuper de la PMA est un apaisement.

La PMA, ça use

C'est intéressant de constater à quel point la PMA est éprouvante : ainsi la grossesse n'est pas une victoire ou une joie en elle-même, mais un moyen d'avoir une trêve dans ce parcours.

C'est aussi pour cela que je vous accompagne toujours en faisant en sorte d'adoucir au maximum votre vécu de la PMA, pour pouvoir tenir sur la distance.

Et si vous avez l'occasion de prendre du temps entre deux tentatives, pour vous remettre physiquement et moralement de cette épreuve, c'est toujours bon à prendre.

Le moment présent

Ce qui mérite d'être souligné, dans l'histoire de Mme A., c'est que cette grossesse est vécue étape par étape, voire même jour par jour. Pas de grande projection sur les prochains mois, chaque chose en son temps. Cette façon de penser lui est venue spontanément, et elle a un grand intérêt : se concentrer sur le moment présent.

Car après tout, chaque jour de grossesse est une victoire, chaque taux Beta HCG qui augmente est une bonne nouvelle. Évidemment, le chemin est encore long, mais en se concentrant sur le présent, on arrive plus facilement à voir les choses du bon côté, et à "profiter".

Quand peut-on se réjouir d'une grossesse ?

En principe, dès le début ! Bien sûr, on peut avoir beaucoup de peurs, et c'est en général ce qui nous bloque : je ne veux pas me réjouir pour ensuite être déçue, et me sentir très mal. Donc je me prépare au pire, pour me protéger.

C'est humain, et dans l'absolu c'est une stratégie efficace. Mais (car il y a un "mais") cela peut finir par nous bloquer.

Conscientiser la grossesse

À force de se protéger, de penser que peut-être la grossesse pourrait s'arrêter prochainement, ne pas évoluer, se compliquer... on pourrait presque oublier qu'on est enceinte !

Et pourtant, il faut faire attention aux aliments déconseillés aux femmes enceintes, aux médicaments interdits, à l'hygiène de vie en général... toutes ces choses qui nécessitent de penser comme une femme enceinte !

L'idéal est donc de trouver le juste milieu entre la conscience d'être enceinte et la prudence quant à la suite des événements. Pas si facile, et c'est aussi pour cela que je vous accompagne.

Investir la grossesse

Si vous êtes passée par la PMA, votre désir d'enfant est profond et votre projet solide. Et parfois vous êtes frustrée de ne pas investir votre grossesse dès le début, de ne pas vous impliquer émotionnellement dans cette grossesse tant désirée, parce que vous avez peur qu'elle s'arrête et vous avez besoin de vous protéger.

Là aussi, c'est humain. Et vous trouverez également l'équilibre entre votre implication émotionnelle et la distance nécessaire pour souffrir le moins possible en cas d'arrêt de grossesse.

Souvenez-vous surtout que si vous "souffrez" de ne pas investir votre grossesse, c'est que vous êtes déjà impliquée émotionnellement. Peut-être pas comme vous l'auriez imaginé, mais c'est un bon début.

Et une grossesse à terme dure 9 mois, c'est suffisamment long pour changer 100 fois d'état d'esprit.

Penser au bébé

Si vous avez lu mes précédents articles, vous savez sûrement que je préconise que Maman pense à elle d'abord, pour ensuite s'occuper plus facilement du bébé. Donc je continue sur cette voie : penser à votre bien-être est une excellente façon de penser au bien-être du bébé.

Pour autant, Mme A. n'est pas la seule à craindre de ne pas suffisamment penser à ce bébé minuscule qui commence à pousser dans son ventre. Toujours pour se protéger, par crainte que tout s'arrête. Donc je me dois de répondre à cette inquiétude :

  • Le lien avec bébé commence in utéro, et là encore vous avez plusieurs mois de grossesse pour faire évoluer ce lien (et ça se travaille en séance si besoin)
  • Cette crainte est voisine du sentiment de culpabilité qu'éprouvent de nombreuses mamans après la naissance de l'enfant : suis-je à la hauteur en tant que maman ? Est-ce que je fais comme il faut pour mon enfant ?

Je crois bien qu'on aura ces questionnements à perpétuité, donc autant apprendre à faire avec.

  • D'abord se souvenir que si on cherche à faire le bien de son enfant, c'est que l'on est en effet en train de faire ce qu'il faut
  • La perfection n'existe pas et on apprend de nos erreurs, donc ne nous flagellons pas lorsque l'on fait quelque chose "qui ne va pas" en tant que maman ou future maman

A retenir

  • La PMA nous épuise autant le corps que l'esprit, donc n'hésitez pas à vous ressourcer autant que possible pour tenir le coup
  • Une grossesse qui arrive dans un contexte de PMA, d'infertilité ou d'antécédents de complications peut être stressante, vous avez donc le droit d'être très prudente, surtout dans les premières semaines. Cela ne nuira pas au lien que vous entretiendrez avec le bébé, et vous avez de nombreux mois pour "profiter" de la grossesse.
  • Le moment présent est votre allié, car il permet d'aborder chaque étape sans trop se soucier de la suite des événements. Cela permet d'éviter au maximum l'anxiété et l'anticipation de scénarios catastrophe
  • Faites-vous aider si vous éprouvez des difficultés

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