Samantha Broggini, Hypnothérapeute & Sophrologue au Plessis-Robinson

Ces phrases qu'on ne veut plus entendre en PMA


Vous êtes en PMA, et si vous en avez parlé à des personnes autour de vous, vous avez certainement été confrontée à des questions intrusives ou des remarques déplacées. Si ce sont la plupart du temps des maladresses qui traduisent l'inquiétude de vos proches, leur envie de vous comprendre ou de vous aider, elles vous affectent tout de même, et vous laissent parfois sans voix. Comment réagir à ces phrases que l'on déteste ? Voici des pistes de réponses.

Phrases que l'on déteste en PMA

En séance, vous me confiez souvent ces phrases que des personnes de votre entourage vous lancent, et qui ne vous aident pas, loin de là, dans votre parcours PMA. J'ai aussi posé la question sur les réseaux sociaux de ces phrases que vous ne voulez plus entendre. Voici un tour d'horizon.

Les phrases prophétiques

  • "T'inquiète, ça va finir par marcher"
  • "Ca marchera quand ça devra marcher"
  • "Si ça doit se faire, ça se fera"

Pourquoi on vous lance ces phrases prophétiques ?

Certainement parce que cela rassure de se dire que, dans un sens, "tout est écrit". Les personnes qui prononcent ces phrases ont certainement une forme de peur par rapport aux difficultés que vous rencontrez, ou peur pour vous tout simplement. En tentant de vous rassurer avec ces idées toutes faites, elles se rassurent elles-mêmes.

Comment répondre aux phrases prophétiques ?

  • Avec humour :
    "Mais où est ta boule de cristal ?"
  • Avec pédagogie :
    "Hélas, si c'était si évident, il y aurait un meilleur taux de réussite des FIV"*
  • En exprimant ses ressentis :
    "Tu dis cela certainement pour me rassurer, mais cela m'inquiète encore plus, car je sais bien que rien n'est sûr."

Les phrases qui relativisent votre souffrance

  • "Au moins tu as un travail qui te plaît !"
  • "Pourquoi vous vous infligez ça alors que votre couple va bien ?"
  • "Tu pourrais prendre des nouvelles de ta belle-soeur qui est malade pendant sa grossesse"

Pourquoi on vous lance ces phrases qui relativisent votre souffrance ?

C'est un mécanisme de défense courant : quand quelque chose nous gêne ou nous angoisse, on va se concentrer sur quelque chose de "positif", ou bien changer de sujet. C'est la porte ouverte aux plus grandes maladresses, bien sûr. Les personnes qui prononcent ce genre de phrases ne sont certainement pas armées pour réagir sainement et sereinement face à vos difficultés.

Comment répondre aux phrases qui relativisent votre souffrance ?

  • Pour avoir la paix :
    "Tu as raison" puis changer de sujet
  • En exprimant ses besoins :
    "Quand je te parle de mes difficultés, j'ai besoin de recevoir de ta part : du soutien / de la compassion etc." puis demander à la personne ce que vous attendez comme type de réaction ou de phrase réconfortante
  • En décidant des sujets que vous voulez éviter :
    "Le sujet de la PMA (et/ou de la grossesse des autres) est difficile pour moi, j'aimerais qu'on n'en parle que si j'aborde le sujet moi-même"

Les propositions de solutions

  • "Mais vous essayez naturellement aussi ?"
  • "Pourquoi vous n'essayez pas avec *L'autre partenaire qui a aussi un utérus mais ne veut pas être enceinte* ?"
  • Et l'adoption, vous y avez pensé ? Et la GPA ?

Pourquoi on vous lance ces propositions de solutions ?

Parfois, et en particulier en PMA, on a besoin que notre souffrance soit reconnue, qu'on nous rassure avec des mots simples, des "Je suis là si tu as besoin", qu'on nous change les idées aussi.

Mais pour beaucoup de personnes, savoir qu'une de nos proches est en souffrance est insupportable. Elles cherchent alors des solutions pour vous sortir de cette situation, et elles vous les soumettent. Dans leur quête de vous sortir de là, elles ne pensent même pas au fait que vous avez certainement pensé à cette possibilité avant elles.

Comment répondre aux propositions de solutions ?

  • En toute transparence :
    "Oui, on y a pensé, et ce n'est pas envisageable pour nous"
  • Avec pédagogie :
    "Quand on est en PMA, on est experte de notre sujet, on connaît toutes les possibilités qui s'offrent à nous, et on part sur la meilleure option en fonction des circonstances. Ce genre de question est à éviter parce que ça nous rappelle simplement que notre parcours est compliqué"
  • En exprimant ses besoins :
    "Quand je te parle de ma PMA, je ne suis pas à la recherche de conseils. J'attends juste que tu me changes les idées / que tu me prennes dans tes bras / que tu m'écoutes sans rien dire..."

Les injonctions à la détente

  • "Détends-toi, arrête d'y penser"
  • "C'est dans la tête, ça arrivera quand tu t'y attendras le moins"
  • "Arrête de stresser, ça t'empêche de tomber enceinte"

Pourquoi on vous lance ces injonctions à la détente ?

Les idées reçues ont la vie dure, en particulier celle qui voudrait que plus on espère tomber enceinte, et plus on se bloque. En réalité, rien n'est prouvé sur l'impact du mental dans la fertilité. Donc, dans le doute, on fait tout pour avoir le mental le plus "disponible" possible pour une grossesse, mais pour autant, il est difficile de faire comme si on n'avait pas ce projet de maternité, surtout aussi contraignant qu'une PMA !

Seulement, les personnes qui ne sont pas concernées par la PMA ne savent pas tout ça. Elles gardent en tête que moins on y pense, et plus ça arrive, surtout si elles-mêmes ont connu des grossesses plus ou moins inopinées.

Comment répondre aux injonctions à la détente ?

  • Avec humour :
    "Tu as la télécommande pour arrêter de stresser / d'y penser ?"
  • Par l'absurde :
    "Si je te dis de ne pas penser à un éléphant rose, tu penses à quoi ?"
  • Avec pédagogie :
    "De nombreuses pathologies, surtout touchant les femmes, ont d'abord été considérées comme étant 'dans la tête' avant que la recherche n'aboutisse à des causes complètement physiques. C'est le cas de l'endométriose par exemple*. Il y a de grandes chances que ce soit la même chose avec l'infertilité, et qu'en fait, elle ne soit pas du tout dans la tête !"

Comment éviter d'être impactée par ces phrases ?

Même si on est armée pour y répondre, on peut tout de même être bouleversée ou énervée par ces remarques et questions. Pour éviter au maximum d'être impactée par cela, voici quelques pistes :

  • Poser des limites : des sujets à ne pas aborder, des remarques trop dures à entendre, la PMA à n'évoquer que si vous lancez le sujet en premier etc.
  • Ces phrases appartiennent aux personnes qui les prononcent : Si une personne vous dit cela, c'est certainement parce qu'elle est gênée, qu'elle a peur, qu'elle est triste pour vous etc. C'est l'expression de leurs ressentis, et vous pouvez décider de ne pas les prendre pour vous.
    (Plus facile à dire qu'à faire !)
  • Vous confier à une personne neutre : En PMA vous avez besoin de soutien et c'est normal. Vivre cela seule (même en couple) est éprouvant. Si vous ne trouvez pas le soutien escompté auprès de vos proches, tournez-vous vers une thérapeute, de l'approche de votre choix. Il sera plus facile pour vous d'exprimer vos difficultés et vos ressentis auprès d'une personne avec laquelle vous n'avez pas d'affect.

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